Comment la Chine a-t-elle évité la deuxième vague de COVID-19 ?

17/12/2020

Comment la Chine a-t-elle évité la deuxième vague de COVID-19 ? Par Nicolas Petit, Enseignant-chercheur en contrôle de gestion à KEDGE Institut Franco-Chinois de l'Université Renmin de Chine

La deuxième vague de la pandémie de Covid-19 a touché de plein fouet l’hémisphère nord. Dans certains pays, les dirigeants ont fait le choix d’un (re)confinement de la population, difficile à mettre en place du fait de ses conséquences économiques et psychologiques.

Mais la situation n’est pas partout la même, particulièrement en Chine, où la deuxième vague est inexistante à ce jour.

Nicolas Petit et son co-auteur, Fabien M. Gargam, analysent ce qui s’apparente à une prouesse.

Le pari initial chinois

L’épidémie a démarré il y a environ un an sur le territoire chinois. Frappée d’une façon subite, la Chine a alors réagi très fortement : mise en quarantaine stricte des zones gravement touchées, fermeture des entreprises, interdiction de se déplacer entre les villes et les provinces, contrôles quotidiens de la température corporelle, etc.

Cette réponse radicale, alors que l’épidémie affichait une capacité de contamination importante, mais un taux de mortalité faible, représentait un pari : celui de tout mettre en œuvre pour endiguer cette épidémie, quitte à sacrifier momentanément le développement économique du pays, afin de ne pas en souffrir à long terme. 

Les leçons du passé

En 2003, l’épidémie de SARS a frappé la province du Guangdong au sud-est du pays.

La mauvaise gestion de la crise et l’état d’impréparation du système de santé chinois, mis sous le feu des projecteurs internationaux, ont forcé le pays à réformer sa politique sanitaire.

La Chine s’est dotée d’un centre de contrôle et de prévention des maladies (CDC) basé sur le modèle états-unien et pourvu de moyens considérables.

Les autorités chinoises ne voulaient plus être discréditées aux yeux du monde, alors même que leur pays montait en puissance sur la scène internationale.

Un pays préparé à l’éventualité d’une émergence virale

Lors de l’apparition de l’épidémie en janvier 2020, la Chine possédait donc déjà un dispositif sanitaire prêt à l'emploi, doté de ressources conséquentes :

  • Un nombre très important de fonctionnaires et de salariés de proximité liés à la sécurité publique et aux comités de quartiers ont garanti le déploiement du dispositif de quarantaine et de contrôle des déplacements.
  • L’hyper-connectivité de la population via les smartphones a permis l’instauration d’un système de laissez-passer par QR Codes, ou encore un système de suivi des déplacements.
  • La dimension culturelle du port du masque a joué un rôle déterminant. 
  • Le fait de sacrifier un peu de libertés individuelles au profit du bien commun a été généralement bien accepté. À l’échelle du pays, l’acceptation et l’application stricte par la population des directives émises par les autorités chinoises ont grandement contribué à la réussite du dispositif.
  • La peur de l’épidémie a également provoqué une véritable mobilisation générale.
  • Enfin, la structure du tissu économique a permis à la population de mieux vivre ces périodes d’isolement. Celui-ci reposait déjà en grande partie sur la livraison à domicile de repas, boissons, courses et biens divers, commandables par l’intermédiaire de nombreuses applications.

Une vie légèrement modifiée en Chine

Aujourd’hui, la gestion de la Covid-19 a trouvé une place discrète au quotidien, grâce à des tests de température corporelle, des masques encore obligatoires dans les transports en commun et des laissez-passer connectés aux smartphones. Pour accéder aux lieux publics, transports, restaurants, … il est indispensable de pouvoir afficher un QR Code de couleur verte.
 
Le cœur de la mauvaise saison approche, et nul ne sait si une recrudescence ne va pas contraindre le pays à remettre en place les mesures fortes prises durant l’hiver dernier.
Au-delà des aspects économiques, le choc qu’a représenté la pandémie de Covid-19 aura certainement des répercussions sur les mouvements humains, et par voie de conséquence sur la manière dont nos différentes sociétés vivent et évoluent ensemble.

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Nicolas Petit

Nicolas Petit est enseignant-chercheur en contrôle de gestion à l'Institut franco-chinois de l'Université Renmin de Chine.

Il a rejoint la Chine en 2016 à l'issu de l'obtention d'un doctorat en sciences de gestion de l'Université de Rennes 1 consacré à la gestion hospitalière en France et s'intéresse désormais au système de santé chinois.

Son expertise concerne le contrôle de gestion des organisations publiques (secteur hospitalier), le calcul de coût, la dynamique des jeux d'acteurs autour des outils de gestion et les nouvelles technologies appliquées à la gestion.

L'institut franco-Chinois de l'Université Renmin de Chine

L’Institut Franco-Chinois de l’Université Renmin de Chine est un partenariat entre 3 établissements français, les Universités Paris Sorbonne, Montpellier Paul Valéry, et KEDGE , avec l'Université Renmin de Chine, classée 5ème université en Chine selon le Times World University Ranking.

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