Les 1er et 2 février 2022, les étudiants du Programme Grande Ecole de KEDGE Business School des campus de Bordeaux et de Marseille ont eu l’occasion d’assister à la 2ème conférence du cycle Thinking Out Loud.
Thinking out loud : Une initiative du Programme Grande Ecole
Le cycle de conférences "Thinking out loud" est depuis décembre dernier le rendez-vous de la communauté Programme Grande Ecole de Kedge pour mieux penser et, in fine, mieux « faire » ensemble. Ensemble, les étudiants sont invités à développer leur esprit critique et leur pensée disruptive en initiant des conversations avec des experts sur des grands thèmes de société : inclusion, diversité culturelle, développement durable, géopolitique et avancées technologiques. Après une première édition hommage à Joséphine Baker « Osez Joséphine », cette seconde édition met à l’honneur les imaginaires culturels de la jeunesse française, caractérisée par une ouverture croissante de ses répertoires à des produits venant des quatre coins du monde, en s’appuyant plus particulièrement sur l’exemple de la culture coréenne.
Globalisation de la culture et cosmopolitisme esthétique
En partenariat avec la KEDGE ARTS School et le MSc Arts & Creative Industries Management, la conférence a permis aux étudiants du Programme Grande Ecole de s’interroger sur la globalisation de culture, avec l’exemple de la K-culture, en compagnie de deux prestigieux invités :
- Vincenzo Cicchelli, maître de conférence à l'Université de Paris
- Sylvie Octobre, chargée d'étude au Ministère de la Culture (DEPS)
De gauche à droite : Anne GOMBAULT, Directrice KEDGE ARTS School, Maud DERBAIX, professeure associé de marketing et membre du Creative Industries Research Group, Murielle FRANCILLETTE, Directrice Adjointe du Programme Grande Ecole de Kedge BS, Sylvie OCTOBRE, chargée d'étude au Ministère de la Culture (DEPS), Vincenzo CICCHELLI, maître de conférence à l'Université de Paris
A DRAGON RISES UP FROM A SMALL STREAM - Korean Proverb
« Le petit dragon est sorti du ruisseau », ce proverbe coréen est tout à fait adapté pour parler de la Corée, une petite nation qui devient un grand de ce monde. Dans son développement, c’est sur la culture que s’est appuyée la Corée : aujourd’hui, le groupe BTS rapporte à la Corée plus que l’ensemble des groupes automobiles du pays.
La théorie de proximité culturelle est la première à être abordée durant la conférence : selon cette théorie, nous serions attirés par ce qui nous est proche (Les français et la culture italienne, par exemple). Cette théorie est très vite réfutée car on le voit aujourd’hui, la culture se consomme au-delà des frontières. Le manga est l’un des produits culturels qui s’est plus vite exporté, la France étant aujourd’hui le 2ème pays qui en consomme le plus. Dans un autre genre, le plus grand festival de films de Bollywood a lieu au Maroc, bien loin de la frontière indienne. Comment expliquer cet attrait pour l’ailleurs ?
D’abord pensé pour plaire aux pays voisins, la Chine et le Japon, ces dernières années la production culturelle coréenne a évolué pour toucher le plus grand nombre de personnes aux quatre coins du monde. Les influences américaines (arrivées par l’occupation américaine lors de la guerre de Corée) se mêlent à l’hybride de la culture coréenne pour créer une K-culture globale, incluant la K-pop ou encore les K-drama.
Contrairement aux phénomènes des « contre-cultures » comme le punk, le hard-rock, la K-pop se veut accessible, universelle, feel-good.
HALLYU (Korean wave in chinese)
La vague Hallyu, ce phénomène d’expansion de la culture sud-coréenne à travers le monde, est un véritable levier de développement pour le pays.
Après la quadruple victoire de Parasite, film du Sud-Coréen Bong Joon-ho, aux Oscars en 2020, la série coréenne Squid Game a été la série la plus vue de la plateforme Netflix en 2021. La plateforme a par ailleurs annoncé un investissement de plus de 500 millions de dollars dans les contenus coréens.
La Corée réussit là où le Japon peine encore : la J-pop semble ne pas réussir à se démocratiser alors que le K-pop a déjà conquis le monde, avec des fans qui se comptent par millions.
Soft Power et culture globale
L’ouvrage de Vincenzo Cicchelli et Sylvie Octobre, « Soft Power et culture globale », dont la parution est prévue en 2022, reviendra sur ce phénomène du Hallyu.
Vincenzo Cicchelli est Maître de Conférences en sociologie et Directeur des relations internationales du Global Research Institute of Paris (Université de Paris, Ceped/IRD).
Sylvie Octobre est sociologue, chargée d’études au DEPS (ministère de la Culture) et chercheuse associée au Centre Max Weber (ENS Lyon/CNRS/Université Jean Monnet Saint-Étienne/Université Lumière Lyon 2).
Vincenzo Cicchelli et Sylvie Octobre sont chargés de cours à Sciences Po Paris. Ils co-dirigent le projet éditorial « Global Youth Studies » (Boston/Leyde, BRILL).
Ouvrages co-écrits :
Cicchelli V. et Octobre S., K-pop, soft power et culture globale, Paris, PUF, à paraitre 2022.
Cicchelli V. et Octobre S, Une jeunesse crispée. Le vivre ensemble à l’épreuve des crises globales, Paris, L’Harmattan, 2021.
Cicchelli V. et Octobre S, The Sociology of Hallyu Pop Culture : Surfing the Korean Wave, Londres, Palgrave, 2021.
Cicchelli V. et Octobre S (dir.), « Globalisation de la culture », Réseaux, numéro spécial, 39 (226-227), 2021.
Cicchelli V., Octobre S. et Riegel V. (dir.), Aesthetic Cosmopolitanism and Global Culture, Boston/Leyde, Brill, 2019.
Cicchelli V. et Octobre S, Aesthetico-Cultural Cosmopolitanism and French Youth. The Taste of the World, Londres, Palgrave, 2018.
Cicchelli V. et Octobre S, L’amateur cosmopolite. Goûts et imaginaires culturels juvéniles à l’ère de la globalisation, Paris, MCC, 2017.
